Sunday, February 22, 2015

Acte troisième - La Flamme Olympique

Trachina, devant le palais d’Héraclès, Dèianeira est seule.
Dèianeira
C'est une parole antique et bien connue dans la bouche des hommes, qu'on ne saurait dire, avant qu'il soit mort, si la vie de chacun a été bonne ou mauvaise. Mais, moi, je sais, avant d'aller dans le Hadès, que ma vie a été malheureuse et lamentable, moi qui, habitant encore Pleurôn, dans la demeure paternelle d'Oineus, ai souffert, plus que toute vierge Aitolienne, une très-cruelle angoisse, à cause de mes noces. En effet, mon prétendant était un fleuve, Akhélôos, qui, revêtu d'une triple forme, me demandait à mon père. Tantôt, il venait, tel qu'un taureau, tantôt, comme un dragon souple et changeant, tantôt, comme un homme à tête de taureau, et de son menton poilu les eaux ruisselaient comme d'une source. En attendant un tel époux, malheureuse, je désirais toujours mourir plutôt que d'entrer dans son lit ; mais, à ma joie, survint plus tard l'illustre enfant de Zeus et d'Alkmèna, qui lutta contre Akhélôos et me délivra. Je ne raconterai pas les faits de ce combat ; je les ignore, en effet. Qu'il les raconte, celui qui assista sans crainte à ce spectacle. Pour moi, j'étais assise, épouvantée, craignant que ma beauté me portât malheur. Enfin, Zeus, qui règle les combats, donna à celui-ci une heureuse fin, si je puis la dire heureuse; car, depuis le jour où je fus choisie pour entrer dans le lit de Hèraklès, je vais de terreurs en terreurs, toujours anxieuse de sa destinée, et la nuit qui dissipe mes angoisses m'en apporte de nouvelles. Nous avons procréé des enfants, mais il ne les a vus que rarement, tel qu'un laboureur qui possède un champ éloigné, ne voit celui-ci que lorsqu'il l'ensemence ou qu'il le moissonne. Telle est la destinée qui ramène Hèraklès en sa demeure et l'en fait sortir, toujours au service de quelque maître. Et maintenant qu'il a accompli ses travaux, je suis en proie à de plus grandes terreurs. En effet, depuis qu'il a tué la Force d'Iphitos, ayant été chassés, nous habitons ici, chez un hôte Trakhinien ; mais nul ne sait où est Hèraklès. Il est parti, me laissant d'amères inquiétudes, et je crains qu'il lui soit arrivé quelque malheur ; car il n'y a pas peu de temps, mais il y a quinze mois qu'il est parti et qu'il n'a envoyé aucun message. Il est arrivé sans doute quelque grand malheur, si j'en juge par ces tablettes qu'il m'a laissées en partant, et je prie les Dieux qu'elles ne me soient pas une cause de misère.
Alcmène
Souveraine Dèianeira, je t'ai vue déjà, par des lamentations et d'abondantes larmes, déplorer le départ de Héraclès; pourquoi ne pas envoyer Hyllos qui doit le souhaiter, s'il a quelque souci du salut de son père ? Voici qu'il rentre lui-même d'un pied rapide dans la demeure. C'est pourquoi, si mes paroles sont opportunes, tu peux user de son aide et de mes conseils.

 

Dèianeira

Mon enfant, fruit de mes entrailles, mon Hyllos. Ta grand-mère m'a dit des de bonnes paroles en tant que mère d’Héraclès.

Hyllos
Qu'est-ce ? fais que je le sache, mère, s'il m'est permis de le savoir.

Dèianeira
Elle dit qu'il est honteux de ne pas t'informer où est ton père absent depuis un si long temps.

Hyllos
Mais je le sais, si on peut en croire la rumeur de tous.

Dèianeira
Et en quel lieu de la terre, fils, as-tu appris qu'il s'était arrêté ?

Hyllos
On dit qu'en ces derniers temps, durant toute une année, il a servi une femme Lydienne.

Dèianeira
S'il a souffert cela, que ne peut-il pas avoir souffert !

Hyllos
Mais j'ai su qu'il était sorti de cet esclavage.

Dèianeira
Où dit-on qu'il est maintenant vivant ou mort ?

Hyllos
On dit qu'il marche ou qu'il va marcher vers la terre Euboïde, contre la ville d'Eurytos.

Dèianeira
Sais-tu, ô fils, qu'il m'a laissé des oracles certains sur ce pays ?

Hyllos
Lesquels, mère ? Je les ignore.

Dèianeira
Il y rencontrera son jour suprême, ou bien, ce dernier combat terminé, il devra passer le reste de sa vie paisiblement et heureusement. Donc, fils, puisqu'il se trouve en un tel danger, n'iras-tu pas à son aide ? Aussi bien, s'il a la vie sauve, nous serons sauvés, ou nous périrons d'une même mort.


Hyllos
Ô ma douce mère, je veux que revienne mon père. Quel grande tâche est pour moi d’être l’aîné du héros suprême! Tel son remplaçant, à la maison je reste lorsqu’il part. Sur notre maison et sur vous tous aussi, je veille tout comme il le ferait! Oh combien je voudrais qu'il soit ici, qu’il soit fier de me voir grandir. Ô Zeus,  mon grand-père, toi qui nous regardes, notre famille divine il faut que tu protèges. Ô ma mère, tu es la plus merveilleuse des mères au monde.
Maintenant cependant je sens que tu vas m’apprendre toute la vérité.

Dèianeira
Allons mon enfant. Mon fils nous sommes d’accord!

Hyllos
J'irai, mère. Si j'avais connu les paroles de cet oracle, je l'aurais rejoint depuis longtemps. Maintenant la destinée connue de mon père ne me permet pas de craindre ou d'hésiter davantage.

Dèianeira
Va donc, ô enfant, car, même à qui vient trop tard, une heureuse nouvelle apporte un gain assuré.

Alcmène
Oui Hyllos mon enfant, pars!

Dèianeira & Yllos
Adieu!

Alcmène
Deianeira ma fille adorée, toute triste, tu es emplie de désir pour mon fils

Dèianeira
Ô mère, depuis toutes ces années je crains toujours de le perde

Alcmène
Zeus l'a mis sur le chemin de ta vie pour qu’il te reste
 
Dèianeira
Comme il est bien de te l'entendre dire, mais la tristesse me ronge

Alcmène
Je la sens aussi

Dèianeira
Alors tu ressens le même chagrin que moi en le regardant . Quand Zeus me le ramènera-t-il...

Alcmène
Il te faut attendre

Dèianeira
Combien de temps attendre, les jours fuient

Alcmène
Chaque instant est éternel, et chaque douleur

Dèianeira
Ma mère hélas! Ma douleur est effrayante, Éros est vaincu ma mère

Alcmène
Jamais Éros ne s’évanouira pour toi! Tu crains ce que tu ressens ma reine.

Dèianeira
La mère, qui dans le vin de la Vénus, doucement y découvre un goût amer

Alcmène
Vénus, amour qui émane de la femme, ton cœur souffre toujours à cause de l'homme! Ces petits garçons, ces hommes, seulement la femme par son amour, leurs cœurs, peut apaiser.

Dèianeira
L'homme dépend de vous... pour son retour à la maison, aidez Vénus, afin qu’il trouve sa maison ouverte sur sa route pour qu’il y revienne.

Chœur de Femmes
Toi que la nuit pleine d'astres fait naître en disparaissant, ou endort dans son lit, Hélios, flamboyant Hélios, je te supplie, ô Brûlant d'un éclat splendide, affin que tu me dises où habite le fils d'Alcmène ! Il ne faut pas ma reine que tu perdes l'espoir grande Deianeira. Je pleure ton malheur pour toi ma reine

Dèianeira
Tu viens à moi, je pense, au bruit de mon malheur. Puisses-tu ne jamais savoir, en souffrant de tels maux, combien mon cœur est déchiré : car, maintenant, tu ne le sais pas.
A la vérité, je me suis déjà lamentée au sujet de nombreuses douleurs, mais il en est une plus amère que toutes et que je vais dire. Quand le roi Hèraklès quitta sa demeure, à son dernier départ, il y laissa d'anciennes tablettes sur lesquelles étaient écrites des paroles qu'il n'avait jamais eu, en son esprit, le soin de m'adresser auparavant ; car il avait coutume de partir, sûr d'accomplir son œuvre et certain de ne point mourir. Et maintenant, comme s'il ne vivait déjà plus, il a fait ma part des biens nuptiaux et marqué pour chacun de ses fils une portion de la terre paternelle. S'il reste absent quinze mois entiers depuis son départ de ce pays, il faut qu'on le tienne pour mort dans l'intervalle ; mais s'il échappe heureusement à ce terme, il vivra tranquillement désormais. Telle est la fin que les Dieux ont marquée aux travaux de Hèraklès, comme l'antique Hêtre Dodônien l'a déclaré autrefois par la voix des deux Colombes. Et voici que la vérité de ces choses va être prouvée par ce qui va arriver. C'est pourquoi, ô chères, tandis que je repose en un doux sommeil, je bondis, épouvantée, redoutant de survivre au plus grand des hommes.

Chœur
Vénus est toute puissante.
Personne ne peux la vaincre.
Lorsque l’orgueilleuse rivière me hantais et qu’Héraclès, le fils de Zeus, est descendu pour la combattre, seule la Chypriote a vus l'amour de Deianeira!

Alcmène
En haut de la colline la souveraine aux beaux yeux attendait Héraclès le vainqueur.

Chœur
La flûte, de sa douce voix, a jouée un air mélodieux et sacré, et ramène le fils de Zeus et d’Alcmène.

Alcmène
Alors il reviendra victorieux auprès de sa femme.

Dèianeira
Ô bien-aimé!

Chœur
Vénus, veilles à ce que Héraclès revienne auprès de Deianeira en sa maison, grâce à la douce mélodie de la flûte.

Alcmène
De bonnes paroles toujours parce que maintenant tu vois le couronnement s’en venir... et vous vous réjouirez

Dèianeira
Qui est-il?

Alcmène
Il ressemble à Iolaos, le fidèle ami d’héraclès.

Dèianeira
Mais je ne vois pas Héraclès avec lui,  seulement une femme et des hommes qui l’emmène.

(Les femmes apportent à la Dèianeira un manteau d’or et une couronne. Deianeira entre au palais.

Macaria
Iolaos bien-aimé

Iolaos

Macaria


Alcmène
Iolaos fidèle ami de mon fils bien-aimé, quel bon vent t’emmène?

Iolaos
C’est Héraclès qui m'envoie.

(Dèianeira sort du palais officiellement habillée)

Iolaos
Ô souveraine devant toi je me prosterne. Maîtresse Dèianeira, je te tirerai d'inquiétude. Sache que le fils d'Alkmèna, vivant et victorieux, rapporte du combat les prémices de la victoire pour les Dieux de cette terre.

Dèianeira
Oh tu dis moi ce que je souhaite entendre, reverrai-je vivant Héraclès?

Iolaos
Je l'ai laissé bien vivant!

Dèianeira
Et qui est-elle celle-là?

Iolaos
À la conquête de Eyryteja elle a été choisi comme butin

Dèianeira
Pourquoi cela lui a-t-il prit dans de temps a conquérir cette ville?

Iolaos
Non, car il a été retenu le plus longtemps chez les Lydiens, et, comme il le dit lui-même, non libre, mais vendu. Cependant, femme, il ne peut être blâmé de ce que Zeus a voulu et accompli. Livré comme esclave à Omphalè la Barbare, il l'a servie une année, ainsi qu'il le raconte. Mais cette ignominie le mordit tellement au cœur, qu'il s'obligea lui-même par serment à réduire en servitude, avec sa femme et son fils, celui qui lui avait infligé ce malheur. Et cela ne fut pas dit en vain, car, ayant subi l'expiation, il assembla une armée et marcha contre la ville d'Eurytos, affirmant que celui-ci était, seul de tous les mortels, la cause de ses maux. Quand il vint, en effet, s'asseoir comme un ancien hôte dans la demeure d'Eurytos, ce dernier l'accabla de nombreux outrages et ourdit contre lui de nombreuses ruses, disant que, malgré les flèches inévitables qu'il portait aux mains, il était inférieur aux Eurytides comme archer, et qu'il s'était avili en devenant l'esclave d'un homme libre. Enfin, étant plein de vin dans un repas, Eurytos le chassa de sa demeure. Enflammé de colère à cause de ces outrages, Hèraklès, ayant trouvé Iphitos sur la colline Tirynthienne cherchant les traces de cavales vagabondes, et voyant qu'il avait l'esprit et les yeux distraits, le précipita du faite de la hauteur. C'est pour cela que Zeus Olympien, père de toutes choses, agité de colère, et ne pouvant souffrir que Héraclès eût agi de ruse contre un seul homme, le fit vendre comme esclave. S'il s'était vengé ouvertement de ses injures, Zeus lui eût pardonné, car les Daimones aussi n'aiment point à subir l'injure. Donc, ceux qui se vantaient d'une langue insolente habitent tous maintenant le Hadès, et leur ville est réduite en servitude. Celles-ci, que tu vois, viennent à toi, arrachées de leurs félicités par une triste destinée. Ton époux l'ordonne ainsi, et moi, fidèle serviteur, j'obéis à ses ordres. Lui-même, dès qu'il aura sacrifié d'irréprochables victimes à son père Zeus, à cause de cette ville prise, il viendra, sois-en sûre. Et ceci est le plus agréable à entendre de tout ce que je t'ai dit déjà. Mais aussi il attend ton arrivée après qu'il eût fait un sacrifice pour être en paix avec Zeus. Il te demande de lui faire parvenir une tunique pour le sacrifice.

Alcmène
Reine, ce que tu vois et ce que tu entends te permettent maintenant de montrer toute ta joie.

Dèianeira
Comment ne pas me réjouir avec ce que j'entends !
Iolaos, dis moi de qui cette fille est l’enfant. Je ressens beaucoup de sympathie en la voyant.

Iolaos
Que sais-je ! sur qui m'interroges-tu ? Peut-être n'est-elle pas née d'une race vile parmi les habitants de ce pays.

Dèianeira
Sort-elle des tyrans ? Eurytos avait-il une fille ?


Iolaos
Je ne sais. Je ne m'en suis pas plus inquiété.

Dèianeira
Qui es tu?

Iolaos
Elle n'ouvrira pas sa bouche, elle pleure ses souffrances en silence

Dèianeira
Alors je vous laisse entrez dans le palais, acceptez mon hospitalité.

Alcmène
Venez à l'intérieur

Messager
Attends au moins quelques instants, affin de savoir, tous ceux-ci étant éloignés, quelles sont celles que tu fais entrer dans la demeure. Il est nécessaire que tu saches ce qu'on ne t'a pas dit, car j'ai la pleine connaissance de ces choses.
 
Dèianeira
Pourquoi m'empêches-tu d'avancer ?

Messager
De tout ce que l'homme a dit, rien n'est franc, ni vrai. Ou il ment maintenant, ou il mentait auparavant.

Dèianeira
Que dis-tu ? Dis clairement ce que tu penses, car je ne sais ce que tu dis.

Messager
J'ai entendu cet homme déclarer devant beaucoup de témoins qu'Eurytos avait été tué et que Oikhalia hérissée de tours avait été prise par Héraclès à cause de cette vierge ; que, seul de tous les Dieux, Érôs l'avait excité à cette guerre, et non son séjour chez les Lydiens, ni ses travaux serviles infligés par Omphale, ni le meurtre d'Iphitos précipité d'en haut. Et voici que Iolaos ne parle plus de cet amour et se contredit. Mais, n'ayant pu persuader le père de lui donner sa fille, affin qu'elle partageât son lit en secret, pour une cause légère il a envahi la patrie de cette vierge, là où, disait-il, régnait Eurytos, tué ce roi et dévasté sa ville. Et maintenant, comme tu le vois, regagnant sa demeure, il a envoyé cette jeune fille en avant, non comme une esclave, mais entourée de sollicitude. N'aie point foi en lui, femme. Comment serait-il véridique, quand il est brûlé d'amour ? Il m'a semblé, maîtresse, que je devais te révéler tout ce que j'ai appris de Iolaos. Beaucoup l'ont entendu comme moi dans l'Agora des Trakhiniens qui peuvent l'accuser. Si je dis des choses déplaisantes, je ne m'en réjouis pas, mais, cependant, j'ai dit la vérité.

Dèianeira
Hélas ! malheureuse ! En quelle calamité suis-je plongée ? Quelle peste cachée ai-je fait entrer sous mon toit ? Malheureuse ! Celle-ci n'est donc pas sans nom, comme le jurait celui qui l'a amenée ?

Messager
Elle est née d'Eurytos et son nom est Ioly.
 
Dèianeira
Que faut-il que je fasse, femme ? Je suis anéantie de ce que j'ai entendu.

Chœur
Entre et demande à Iolaos de te dire toute la vérité
 
Dèianeira
Vous me donnez là un bon conseil.

Messager
J’attends!

Chœur
Mais voilà Iolaos, sans être appelé, sort de lui-même de la demeure.

Iolaos
Souveraine Dèianeira donne moi la tunique afin que j’aille la porter à Héraclès

Dèianeira
Tu pars bien promptement, ayant longtemps tardé à venir, et avant que nous ayons repris l'entretien.

Iolaos
Si tu veux apprendre quelque chose, me voici.

Macaria
Qu’arrive-t-il mère, pourquoi lui parles-tu ainsi?

Deianeira
Laisses le... Diras-tu sincèrement la vérité ?

Alcmène
Macaria...

Iolaos
Le grand Zeus m'en est témoin ! du moins ce qui m'est connu.

Dèianeira
Quelle est cette femme que tu as amenée ici ?

Iolaos
Elle vient d'Euboiè; mais je ne puis dire de quels parents elle est née.

Dèianeira
Holà ! toi ! regarde ici. A qui crois-tu parler ?

Iolaos
Et toi, pourquoi m'interroges-tu ?

Chœur
Ose répondre, si tu as l'esprit sain, à ce que je te demande.

Iolaos
Je parle à la reine Dèianeira, fille d'Oineus, épouse de Héraclès, à ma maîtresse.

Messager
Alors quelle sera ta punition si tu mens?

Iolaos
Menteur ? Moi ? Je pars...

Messager
Ne pars pas avant d'avoir répondu. N'as-tu pas dit que cette femme, que tu feins de ne pas connaître, était Ioly, fille d'Eurytos ?

Iolaos
À qui ai-je dis cela ?

Messager
La foule des Trakhimens, au milieu de l'Agora, t'a entendu dire cela. N'as-tu pas affirmé par serment que tu amenais cette épouse de Héraclès ?

Chœur
Parles, réponds, dis la vérité!

Iolaos
Qui? Quel épouse? ma maîtresse dite à cette personne de me laisser

Dèianeira
Dis moi la vérité menteur, tu ne puis me tromper... regardes-moi, au nom de Zeus, Iolaos, dis moi ce tu que me caches. Avec beaucoup d’autres femmes Héraclès n'est-il pas allé ?

Chœur
Tu sais que tout ce qu’elle dit est vrai!

Iolaos

Je n'ai rien à dire

 
Dèianeira
Maudit menteur… (Dèianeira se précipite pour étrangler Iolaos)

Iolaos
Au secours!

Deianeira
Tu ne peux te sauver de mon emprise.

Iolaos
Au secours! (Dèianeira étrangle Iolaos)


Iolaos
Je parlerai donc... Ô chère maîtresse, puisque je te vois, mortelle parmi les mortels, sage et pleine d'indulgence, je te dirai toute la vérité et ne te cacherai rien. Tout que cet homme t’a dit c’est vrai! Héraclès, en effet, vainqueur dans tous ses autres combats, a été vaincu par cet amour.
 
Macaria
Ma mère d’où te vient une telle passion?

Chœur
Pourquoi Dèianeira Hélas?

Alcmène
Je de la peine pour mon fils

Dèianeira
Certes, ma pensée est d'agir ainsi. Je n'augmenterai point mon malheur en résistant vainement aux Dieux. Mais rentrons dans la demeure, affin que tu portes un message et des présents en retour de ceux qui m'ont été envoyés.

Macaria
Malheureuse vierge, moi! Ah, quand notre maison verra-t-elle enfin la joie?

Alcmène
Venez à l'intérieur mes enfants...

Intermède Musical (Ils entrent dans le palais. Iolaos part avec la tunique. Alors retentit le cri de Dèianeira, laquelle sort toute agitée.)

Dèianeira

Femmes, combien je redoute d'avoir fait au delà de ce que je devais faire !


Chœur
Qu'est-ce donc, Dèianeira,? Pourquoi?

Dèianeira
À cause de la tunique que j'ai envoyée à Héraclès, Écoutez tous.
Pendant mon voyage de noces avec Héraclès, Quand, par l'ordre de mon père, je suivis pour la première fois Héraclès mon époux, Nessos, qui m'avait prise sur ses épaules, arrivé au milieu du fleuve, commença à me caresser de ses mains perverses. Mais je criai, et, aussitôt, l'Enfant de Zeus, s'étant retourné, lui lança une flèche ailée qui pénétra avec un sifflement, à travers la poitrine, jusqu'au poumon. Et le Centaure mourant me parla ainsi : - Fille du vieux Oineus, si tu m'obéis, tu tireras un grand bien de ce que je t'aurai transportée la dernière. En effet, si tu recueilles le sang figé autour de cet endroit de la blessure où le venin de l'Hydre de Lernaia a noirci la flèche, tu posséderas un charme puissant sur l'âme de Hèraklès et il n'aimera jamais aucune autre femme plus que toi. - Ô chères, je me suis rappelé ceci, et, dans le sang de Nessos mort, l'ayant bien gardée en ma demeure, j'ai trempé cette tunique, d'après ce qu'il m'a dit étant vivant encore. Tout est accompli maintenant. Je l’ai donc bien dissimulé au palais. J'ai aspergée avec ce filtre la tunique. Et ainsi j'essaye avec un filtre de le gagner, afin qu’il me revienne. Je l'aime et le veux près de moi, qu'il y reste pour toujours.
La femme d’Héraclès je suis.


Chœur
Mais que crains tu alors, quoi?

Dèianeira
Cependant la laine de la tunique, que j’ai enduit du filtre, a été détruite. Je devais du soleil protéger le filtre, comme alors le Centaure, lorsque sa lance lui brûlait le flanc, m’avait dit. Et ainsi je fit. Cependant en voulant l'utiliser je suis entré dans une cachette de la maison et l'ai pris. Et avec l’étoffe de laine de mouton blanc au filtre la tunique j'ai frotté. J'ai plié la tunique et l’ai mise dans une boîte afin de la préserver des rayons du soleil jusqu'à ce que Héraclès le mette. C’est alors qu’en entrant dans le palais j’aperçois l’étoffe laine de mouton blanc elle est exposée aux rayons du soleil et alors comme la poussière elle s’effrite et se répand tel de la sciure de bois!
Comme j'avais exposé, en le jetant au hasard, ce morceau de toison aux rayons de Hèlios, dès qu'il fut échauffé, il se dispersa sur la terre, semblable à la poussière du bois que coupe la scie. Tel il était répandu à terre, et de l'endroit où il était s'éleva une écume qui bouillonnait, comme, fermentée sur le sol, la grasse liqueur de la grappe mûre détachée de la vigne de Bakkhos. C'est pourquoi, je ne sais, malheureuse, à quelle pensée m'arrêter, et je vois que j'ai commis un grand crime. Comment, en effet, et pourquoi le Centaure mourant eût-il été bienveillant pour moi qui étais cause de sa mort ? Non ! mais il me flattait, désirant perdre celui qui l'avait percé. Voilà ce qui m'est révélé trop tard, quand je ne peux plus y porter remède. Moi seule, si je ne me trompe pas, seule, j'aurai été la perte de Héraclès.

Alcmène
Il faut, à la vérité, redouter de terribles calamités, mais non désespérer avant la fin.

Macaria
Mère, Hyllos revient  à la maison

(Arrive Hyllos escorté d’une foule d'hommes qui se mélange au chœur des femmes)

Hyllos
Macaria qu’est il arrivé, notre maison est en ruine!
Que je voudrais que cette mère ne soit pas la nôtre, quelle n’ai apporté le mal en notre demeure.

Dèianeira
Qu'ai-je fait, pour mériter tant de haine? Quelles nouvelles portes-tu?

Hyllos
Apprends que tu as tué notre père.

Dèianeira
Non !

Hyllos
Oui, tu l’as tué !

Dèianeira
Mais comment, dis moi?

Hyllos
Par la tunique que tu lui as envoyé.

Dèianeira
Hélas, à moi, Ô malheur!


Hyllos
Il se bat contre la mort, il arrivera ici sous peu, moi je suis venu aux devants...

Chœur
Horreur!

Dèianeira
Zeus viens me voir.

Hyllos
Le mal que lui avez jeté... il en succombe dans des convulsions

Macaria
Hélas, mon pauvre père... ma mère qu’a tu fais!

Alcmène
Ô destin ! Mon enfant, malheureux Héraclès!

Chœur
Tu as tué ton mari malheureuse!

Dèianeira
Voyez, combien promptement s'est accomplie pour nous la parole fatidique de l'anciennes prophéties
La source des larmes jaillit ; le mal se répand, ô Dieux !  Je suis perdue, Ô malheur. Ah Héraclès hélas!
Que dois-je faire ? Comment vaincre la vie!
Ce n'est pas une lamentation sourde qui s'élève dans la demeure, mais un douloureux gémissement.
Je crache sur ta tombe Centaure, soit maudit.
Mon mari, le grand héros, Héraclès où es-tu maintenant, à quoi penses tu, plein de haine... Dieux ! Hélas! Plein de haine, quelle horreur !
Horrible malheur. Et la misérable gémit et verse une pluie de larmes.
Hélas! Je veux périr.
Pardonnes moi Héraclès!

Chœur
Où vas tu?


Hyllos
Laissez la partir je ne veux plus la voir!

( Deianeira erre comme perdue, soudain elle aperçoit une tige de fer, la saisit et se suicide).

Chœur
Ah !

Alcmène
Deianeira non...

Macaria
Ma mère!

Hyllos
Ma mère!

(Hyllos prend Dèianeira dans ses bras et elle expire. Iolaos avec des soldats portent Héraclès couché sur une civière qui gémit dans de grandes souffrances.


Hyllos
Père, je suis malheureux...

Iolaos
Tais-toi, Hyllos, n'éveille pas la cruelle douleur de ton père. Il vit, en effet, bien qu'il incline à la mort. Ferme et mords tes lèvres.

Héraclès
Zeus ne vois tu pas que je suis malheureux? Où suis-je? En quelle demeure est-ce que je me trouve? Dévoré par ce mal maudit!

Iolaos
Héraclès mon ami, en la maison préféré nous t'avons porté, à la Trachina. Et tu es près de nous.

(Iolaos lui donne sa main, Héraclès la serre et se relève.)

Héraclès
Iolaos es-tu près de moi ?
Ô Zeus mon père pourquoi me laisses-tu mourir ainsi ? De façon si injuste, à la maison et non au combat ? Moi ton fils le demi-dieu. Hadès s'est ouvert. Père la foudre et le tonnerre tu me jettes. Quelle horreur pour moi de vivre ainsi. Puissé-je, misérable d’un mal furieux. Le sacrifice Zeus que je t’ai fait m’en récompenses-tu maintenant ? Mes mains, ont combattues le lion de Némée, l’hydre, le Cerbère et le centaure et ont triomphées! Et ma gloire est arrivée jusqu'aux astres, jusqu'à l'Olympe. Personne ne m'a vaincu jusqu'à maintenant, et j'ai supporté toutes les douleurs. Maintenant je gémis. Ah !
Ce manteau me déchire le corps, ah, horreur, ah !
Hyllos mon enfant, montre que tu es véritablement mon enfant et honores
mon propre nom et celui de ta mère ! Amènes la devant moi...

Hyllos
Mon Père... apprends qu'elle s’est donné la mort il y a quelques instants!

Héraclès
Ô Dieux ! avant, comme il le fallait, qu'elle périt par ma main !

Hyllos
Que ferai-je maintenant sans mère et sans père...

Chœur
Sans mère et sans père

Héraclès
Tu bâtiras ta propre maison, tu te marieras à Ioly,  Ioly... Hyllos pour femme tu prendras!

Hyllos
Comment mon père ? Comment ?

Héraclès
Obéis aux volontés du mourant, Ioly te sera fidèle

Ioly
 Que mon destin est cruel, quelle malchance


Hyllos
Pire que le mien? Ô cruel destin dur, c’est toi qui nous as unis

Héraclès
Mère viens dans mes bras

Alcmène
Héraclès mon enfant, seul Deianeira t'a aimé vraiment

Chœur
Pour toi elle s’est suicidée, parce qu'elle ne pouvait concevoir la vie sans toi Héraclès

Ioly
A cause de moi se tuée, a cause de moi, tu meurs Héraclès et moi  je vivrai...

Alcmène
Tu seras maintenant la femme d’Hyllos

Chœur
Cruel est votre destin, votre destin d’orphelins, Hélas !

Héraclès
Dans le mariage vous vous unirez


Hyllos & Ioly
Quelle étoile pour nous au ciel monte, quel dieu nous unit ! Hélas !

Alcmène
Mon enfant... Mon fils, Zeus qui est ton père, où est-il maintenant, pourquoi ne te sauve-t-il pas? Pourquoi te laisse-t-il ainsi ? Pourquoi ? Mon enfant, lorsque je dormais invulnérable et immortel je te pensais. Mais Dèianeira a vue alors ton amour pour l'esclave, elle a voulu se garantir de ton amour avec un filtre, elle s’est trompée cependant.

Héraclès
Et qui aux Trachines est le sorcier ?


Alcmène
Le centaure que tu as tué, il l’a berné et convaincu qu’avec un tel
filtre tu serais rempli  de désir pour elle.

Héraclès
Hélas! Un Ancien de mon père par l’oracle m'avait prédit que je périrais par quelqu'un qui habite au Hadès. Je suis au sommet du malheur.
Hyllos, viens je veux te voir mon enfant

Hyllos
Mon père qu’est-ce qu’il y a? Que dois-je faire?

Héraclès
Tu vas arracher l’olivier sauvage et en faire un bûcher, avec le flambeau tu vas allumer un grand feu et tu m’y jetteras pour que j’y brûle

Hyllos
Que me demandes tu de faire là père? Comment mes mains pourraient elles faire une telle chose ?

Héraclès
Il le faut mon enfant. Tu ne seras point mon assassin mais bien mon libérateur. Pourquoi me regardes tu ainsi? Donnes l’ordre.

Iolaos
Bien-aimé... il a libéré Hyllos

Hyllos
Avez-vous entendu ? Ramassez le bois

Chœur
Malheur ! Par le feu ! Hélas! Le feu ! Allumez le feu !

(Ils allument grand feu et ils y portent Héraclès pour l’y jeter.
Au dernier moment, la foudre déchire l'air et le tonnerre se fait entendre
Prométhée le titan apparaît.)

Prométhée
Héraclès!

Héraclès
Prométhée... Tu es venu ?

Prométhée
Je suis venu pour te prendre, je suis venu pour te mener à l'Olympe, vers ton père.
Héraclès fils des hommes, viens, vers un autre monde nous partons, comme le soleil lumineux. Héraclès quitte la terre en souhaitant des vœux d’amour. L’âme d'un dieu, le destin d'un homme!
Hommes ne vous lamentez pas. Il est le chanceux celui qui à l'Olympe montera toujours en vie! De cette vie il partira dans une grande joie. Viendra l'heure pour vous où vous monterez aux cieux semblables  aux dieux.

Chœur
Ô quels célestes discours

Prométhée
Viens nous partons Héraclès.

Héraclès
Les douleurs me sont passées, mes enfants, de moi gardez un agréable  souvenir, douce mère... conduis-moi Prométhée

Prométhée
Au-dessus du ciel, au-delà de l’humanité et de la terre

Chœur
Au-delà de la terre, au-delà des hommes, au-dessus du ciel, et vers Zeus.
Vers l'Olympe doré

Prométhée
Et maintenant viendra le treizième dieu de l'Olympe. Cet invincible héros qui avec la flamme de l'Olympe dans une main et l’épée dans l’autre changera la face du monde.

Le grand... 

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